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Je continue ou j'arrête les maths ?

"De toute façon, l'année prochaine, j'arrête les maths !"
Il est en effet possible, depuis 2019, d'arrêter les maths après la 2nde.
Mais face aux critiques et aux inquiétudes, il est envisagé de les rendre de nouveau obligatoires ... ou optionnelles.

Bref toujours beaucoup d'incertitudes sur la place des maths au lycée ! C'est un sujet qui m'interpelle en tant que femme ingénieure, voyant le désengagement des jeunes (et notamment des filles) pour les filières scientifiques et techniques.
Les maths peuvent apparaître comme une matière : 
  • difficile
  • élitiste
  • clivante : soit on est doué, soit on ne l'est pas
  • vaine, ça ne sert pas grand-chose

Alors pourquoi faire des maths ou pourquoi continuer à en faire ?

Pourquoi faire des maths

Utile au quotidien et aussi pour développer de nombreuses aptitudes

D'une part, oui, être à l'aise avec le calcul, les pourcentages, les surfaces ou les volumes, les statistiques, les fractions est très utile au quotidien !

D'autre part, "faire des maths" c'est avant tout apprendre à :
  • réfléchir, tout en essayant, en se trompant, en réussissant --> ce qui est très bénéfique pour la confiance en soi !
  • raisonner : observer les données et les consignes, repérer ce qui est attendu, déterminer le chemin pour y arriver, vérifier son résultat... --> très formateur pour notre esprit de logique et notre esprit critique.
  • s'organiser : quelle méthode mettre en place pour comprendre et mémoriser, pour s'entrainer, quelles stratégies pour résoudre un problème...

L'arrêt des maths influencerait le développement cérébral

Dernier point et non des moindres : 
 arrêter de faire des maths à l'adolescence affecterait le développement du cerveau

Des chercheurs de l'université d'Oxford ont étudié une centaine d'adolescents âgés de 14 à 18 ans, séparés en deux groupes : les élèves ayant déjà arrêté les maths et ceux ayant continué. En effet, en Angleterre, les élèves peuvent arrêter les maths à la fin de la "secondary school", l'équivalent du collège chez nous (les jeunes ont alors 16 ans). 

Les scientifiques ont notamment étudié la présence d'un neurotransmetteur dans les zones du cerveau dédiées à la mémoire, l'apprentissage et la résolution de problèmes. Ce neurotransmetteur (acide gamma-aminobutyrique : Gaba) joue un rôle pour la plasticité cérébrale. Les jeunes ayant arrêté les maths ont des taux de GABA plus faibles que les autres. A noter qu'aucune différence entre les participants n'avait été relevée avant l'arrêt des mathématiques.

Rien n'est joué définitivement à ce stade, bien entendu mais cela montre bien que cet apprentissage a des retombées bien plus larges que le simple fait d'apprendre à étudier une courbe ou résoudre une équation.
C'est également ce que démontre Jean-Philippe Lachaux[n] (Directeur de recherche à l'INSERM, au Centre de recherche en neurosciences de Lyon) . 

Le cortex préfrontal des adolescents étant encore en cours de maturation, les activités réalisées au lycée ont une influence sur le développement de cette région du cerveau. Et notamment les activités mathématiques car elles font appel aux grandes fonctions exécutives du cerveau : 
  • L'inhibition : permet de contrôler des réponses impulsives et automatiques et de faire appel à un raisonnement réfléchi et logique.
  • La mémoire de travail : afin de garder en tête les informations nécessaires à sa réflexion.
  • La planification qui permet d'anticiper la façon de réaliser des tâches et d'atteindre son objectif
  • la flexibilité mentale : capacité à adapter sa conduite et sa stratégie face à des situations nouvelles.
La manipulation d'objets mathématiques abstraits permet donc de solliciter et de développer ces capacités : mémoriser des propriétés, les mettre en relation, imaginer un cheminement pour arriver à un résultat, comparer différentes solutions...

Ce développement est bénéfique pour toutes les tâches de la vie quotidienne demandant de "construire un chemin mental vers une solution en tenant compte de contraintes fortes", quel que soit le domaine d'activité !

Quel avenir pour les maths au lycée ?

Voici un rappel des dernières évolutions de l'enseignement des maths au lycée : 

Dans les années 1960, sous la présidence du général De Gaulle, les maths et les sciences prennent une place de choix dans la formation des jeunes.

De 1965 à 1994 : 5 filières sont possibles au lycée.
A : Littéraire
B : Sciences économiques et sociales
C : Maths et sciences physiques
D : Maths et sciences de la nature
E : Maths et technique

De 1995 à 2020 : séries générales L (littéraire) , SES (sciences éco et sociales) et S (scientifique)

Durant toutes ces décennies, la voie mathématique et scientifique est devenue la "voie royale" vers les études supérieures. Le bac C ou S était devenu le bac généraliste d'excellence. Tous les projets de réforme du lycée ont voulu "rééquilibrer"  les filières. 

Depuis 2020 : les programmes sont organisés autour d'un tronc commun de matières obligatoires et des spécialités (3 en 1ère puis 2 en terminale).
Possibilité donc après la 2nde d'arrêter les maths ou de choisir la spécialité Maths.

 En 2020-2021, « 59 % des élèves suivaient un enseignement de maths en terminale contre 90 % avant la réforme », selon les sociétés et associations savantes de mathématiques.
De nombreuses personnes s'inquiètent de ces chiffres et les voix s'élèvent pour réclamer le retour des maths dans le tronc commun et pour renforcer la culture mathématique des élèves.

Depuis 2022 : certains lycées proposent 1h30 de maths en option pour les élèves de 1ère qui n'ont pas choisi la Spé maths.

2023 : retour des maths obligatoires en 1ère pour tout le monde.

A suivre...

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